Recommandations sur le dépistage pour la prévention primaire des fractures de fragilisation

CMAJ. 2023 May 29;195(21):E749-E761. doi: 10.1503/cmaj.221219-f.
[Article in French]

Abstract

Contexte: Les fractures de fragilisation sont un important problème de santé chez les adultes âgés et peuvent entraîner des incapacités, des hospitalisations et le placement en établissement de soins de longue durée, en plus de nuire à la qualité de vie. La présente ligne directrice du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (le Groupe d’étude) formule des recommandations fondées sur des données probantes au sujet du dépistage pour la prévention des fractures de fragilisation chez les personnes âgées de 40 ans et plus vivant dans la collectivité qui ne sont pas sous traitement pharmacologique préventif. MÉTHODES: Nous avons commandé des revues systématiques sur les bénéfices et les préjudices du dépistage, l’exactitude prédictive des outils d’évaluation du risque, les bénéfices du traitement, ainsi que l’acceptabilité de celui-ci par les patients. Nous avons analysé les préjudices des traitements au moyen d’un examen rapide de revues systématiques. Nous avons en outre analysé les valeurs et les préférences des patients par l’entremise de groupes de discussion et auprès d’intervenants mobilisés à certains moments clés, tout au long du projet. Nous avons utilisé l’approche méthodologique GRADE (Grading of Recommendations, Assessment, Development and Evaluation) afin de déterminer la certitude des données probantes pour chacune des issues cliniques ainsi que la force des recommandations, et nous avons appliqué les lignes directrices de l’instrument AGREE (Appraisal of Guidelines for Research and Evaluation), du Guidelines International Network (GIN) et du guide de rédaction Guidance for Reporting Involvement of Patients and the Public (GRIPP 2).

Recommandations: Nous recommandons un dépistage débutant par une estimation du risque pour la prévention des fractures de fragilisation chez les femmes de 65 ans et plus. Le dépistage se fait d’abord au moyen de l’outil canadien FRAX, qui mesure le risque de fracture, sans densité minérale osseuse (DMO). Le score FRAX devrait guider la prise de décision partagée entourant les bénéfices et les préjudices potentiels de la pharmacothérapie préventive. Après cette discussion, si une pharmacothérapie préventive est envisagée, les médecins devraient demander une mesure de la DMO par absorptiométrie à rayons X biphotonique (DEXA) du col du fémur, puis réévaluer le risque de fracture en intégrant le score T de la DMO au score FRAX (recommandation conditionnelle, données de faible certitude). Nous ne recommandons pas le dépistage chez les femmes de 40–64 ans et les hommes de 40 ans et plus (recommandation forte, données de très faible certitude). Ces recommandations s’appliquent aux personnes vivant dans la collectivité qui ne sont pas sous pharmacothérapie pour la prévention des fractures de fragilisation. INTERPRÉTATION: Le dépistage débutant par une estimation du risque chez les femmes de 65 ans et plus facilite la prise de décision partagée et permet aux patientes d’envisager la pharmacothérapie préventive en fonction de leur propre risque (avant DMO). Le fait de ne pas recommander le dépistage chez les hommes et les femmes plus jeunes rappelle l’importance des bonnes pratiques cliniques, en vertu desquelles les médecins doivent demeurer à l’affût de tout changement de l’état de santé des personnes qui pourrait indiquer qu’elles ont subi une fracture de fragilisation ou pourraient y être plus sujettes.

MeSH terms

  • Humans
  • Osteoporotic Fractures* / prevention & control
  • Primary Prevention*