Huxleyan utopia or Huxleyan dystopia? "Scientific humanism", Faure's legacy and the ascendancy of neuroliberalism in education

Int Rev Educ. 2022;68(5):709-730. doi: 10.1007/s11159-022-09982-6. Epub 2022 Dec 20.

Abstract

In addition to the longstanding threat posed by narrow economism, faith in the possibility of peace and progress through democratic politics - central to the humanistic vision of the 1972 Faure report - today faces additional challenges. These challenges include the ascendancy of neurocentrism in the global policyscape. Whereas the effects of neoliberalism on education have been extensively critiqued, the implications of a newer, related ideological framework known as neuroliberalism remain under-theorised. Neuroliberalism combines neoliberal ideas concerning the role of markets in addressing social problems with beliefs about human nature ostensibly grounded in the behavioural, psychological and neurological sciences. This article critically examines a recent initiative of one of UNESCO's Category 1 Institutes - the Mahatma Gandhi Institute of Education for Peace and Sustainable Development (MGIEP) - that seeks to mainstream neuroscience and digital technology within global educational policy. Comparing the visions of the 1972 Faure, the 1996 Delors and the 2021 Futures of Education reports with MGIEP's International Science and Evidence Based Education Assessment (ISEEA), the authors analyse continuity and change in UNESCO's attempts to articulate a vision of "scientific humanism" which advocates the use of science for the betterment of humanity. They argue that ISEEA's overall recommendations - as represented in its Summary for Decision Makers (SDM) - reinforce a reductive, depoliticised vision of education which threatens to exacerbate educational inequality while enhancing the profits and power of Big Tech. These recommendations exemplify a neuroliberal turn in global education policy discourse, marking a stark departure from the central focus on ethics and democratic politics characteristic of UNESCO's landmark education reports. Reanimating, in cruder form, visions of a scientifically-organised utopia of the kind that attracted UNESCO's inaugural Director-General, Julian Huxley, ISEEA's recommendations actually point towards the sort of dystopian "brave new world" of which his brother, Aldous Huxley, warned.

Utopie huxleyenne ou dystopie huxleyenne? « L’humanisme scientifique », l’héritage de Faure et la montée du néolibéralisme dans l’éducation – Outre faire face à la menace que pose depuis longtemps l’économisme étroit, la foi dans la possibilité que la politique démocratique peut produire paix et progrès – un pilier de la vision humaniste du rapport Faure paru en 1972 – se heurte aujourd’hui à d’autres défis, entre autres à la montée du neurocentrisme dans le champ politique mondial. Tandis que les effets du néolibéralisme sur l’éducation ont été abondamment critiqués, peu d’hypothèses ont été formulées au sujet de ce qu’implique une notion plus récente, mais liée à lui sur le plan idéologique et connue sous le nom de neurolibéralisme. Le neurolibéralisme associe des idées néolibérales sur le rôle des marchés pour résoudre des problèmes sociaux avec la conviction que la nature humaine est prétendument ancrée dans les sciences comportementales, psychologiques et neurologiques. Cet article porte un regard critique sur une initiative récente d’un des instituts de catégorie 1 de l’UNESCO, l’Institut Mahatma Gandhi d'éducation pour la paix et le développement durable (MGIEP), qui cherche à intégrer les neurosciences et la technologie du numérique dans la politique mondiale de l’éducation. Les auteurs comparent les visions des rapports Faure en 1972 et Delors en 1996 et du rapport de 2021 sur les futurs de l’éducation avec l’évaluation internationale de l’éducation basée sur la science et des éléments concrets (ISEEA) réalisée par le MGIEP, pour analyser la continuité et les changements dans les tentatives de l’UNESCO d’articuler une vision de « l’humanisme scientifique » prônant d’utiliser la science pour améliorer l’humanité. Ils avancent que les recommandations principales de l’ISEEA, telles que l’évaluation les présente dans son récapitulatif à l’intention des décideurs, renforce une vision réductrice et dépolitisée de l’éducation, qui menace d’exacerber les inégalités en matière d’éducation tout en accroissant les profits et la puissance des big tech. Ces recommandations illustrent un tournant neurolibéral dans le discours mondial sur la politique de l’éducation, qui se démarque absolument de l’intérêt central pour l’éthique et la politique démocratique, caractéristiques des rapports historiques de l’UNESCO sur l’éducation. Ravivant, sous une forme plus rudimentaire, des visions d’une utopie structurée scientifiquement du type de celles qui attiraient le premier directeur général de l’UNESCO, Julian Huxley, les recommandations de l’ISEEA laissent en réalité entrevoir la sorte de « meilleur des mondes » dystopique contre laquelle son frère, Aldous Huxley, mettait en garde.

Keywords: Faure report; International Science and Evidence Based Education Assessment (ISEEA); Mahatma Gandhi Institute of Education for Peace and Sustainable Development (MGIEP); Neuroscience; Personalised learning; Precision education governance; SDG Target 4.7; Scientific humanism; UNESCO.