Efficacité et innocuité des agents antiviraux contre le SRAS-CoV-2, selon des données d’études sur la COVID-19 et d’autres infections virales aiguës : revue systématique et méta-analyse

CMAJ. 2020 Nov 23;192(47):E1585-E1596. doi: 10.1503/cmaj.200647-f.
[Article in French]

Abstract

On donne de façon empirique des agents antiviraux à certains patients atteints de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). Dans le but d’appuyer la rédaction de lignes directrices sur la prise en charge de la COVID-19, nous avons réalisé une revue systématique des bénéfices et des préjudices associés à 7 traitements antiviraux contre cette infection. MÉTHODES: Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE, Embase, le Cochrane Central Register of Controlled Trials (CENTRAL), PubMed et 3 bases de données chinoises (CNKI, Wanfang Data et SinoMed) jusqu’au 19 avril 2020, dans medRxiv et ChinaXiv jusqu’au 27 avril 2020, ainsi que dans Chongqing VIP jusqu’au 30 avril 2020. Nous avons sélectionné des études sur la ribavirine, la chloroquine, l’hydroxychloroquine, l’umifénovir (Arbidol), le favipiravir, l’interféron et le lopinavir/ritonavir. Lorsqu’il n’y avait pas de données directes d’études sur la COVID-19, nous avons retenu des données indirectes d’études sur le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRMO) pour l’analyse de l’efficacité, et d’études sur d’autres infections respiratoires virales aiguës pour l’analyse de l’innocuité. RÉSULTATS: Le taux de décès chez les patients atteints d’une forme sans signe clinique de gravité de COVID-19 était extrêmement bas, ce qui ne permet pas de conclure à un effet important sur la mortalité. Nous n’avons obtenu que des données de très faible qualité indiquant que la plupart des traitements avaient peu ou pas de bénéfices sur les paramètres à l’étude, quelle que soit la gravité de la COVID-19. Seule exception : le traitement au lopinavir/ritonavir, pour lequel nous avons obtenu des données de faible qualité faisant état d’une réduction de la durée du séjour en unité de soins intensifs (différence des risques [DR] 5 jours de moins, intervalle de confiance [IC] de 95 % 0 à 9 jours) et de la durée d’hospitalisation (DR 1 jour de moins, IC de 95 % 0 à 2 jours). En ce qui concerne l’innocuité, les données étaient de faible ou de très faible qualité, sauf pour le traitement au lopinavir/ritonavir, où des données de qualité moyenne laissaient supposer une augmentation probable de la diarrhée, des nausées et des vomissements. INTERPRÉTATION: À l’heure actuelle, rien ne prouve de façon convaincante que les traitements antiviraux apportent des bénéfices importants dans la lutte contre la COVID-19, bien que les données propres à chaque traitement n’excluent pas cette possibilité. D’autres essais randomisés et contrôlés menés auprès de patients atteints de la COVID-19 sont nécessaires avant de pouvoir recourir à ces traitements en toute confiance.

Publication types

  • Meta-Analysis
  • Systematic Review

MeSH terms

  • Antiviral Agents / therapeutic use*
  • COVID-19 / epidemiology
  • COVID-19 Drug Treatment*
  • Humans
  • Pandemics*
  • SARS-CoV-2*
  • Treatment Outcome

Substances

  • Antiviral Agents