A right to remoteness? A missing bridge and articulations of indigeneity along an East Siberian railroad

Soc Anthropol. 2019 May;27(2):236-252. doi: 10.1111/1469-8676.12648. Epub 2019 Jun 6.

Abstract

The Soviet Union and its successor states have been avid supporters of a modernisation paradigm aimed at 'overcoming remoteness' and 'bringing civilisation' to the periphery and its 'backward' indigenous people. The Baikal-Amur Mainline (BAM) railroad, built as a much-hyped prestige project of late socialism, is a good example of that. The BAM has affected indigenous communities and reconfigured the geographic and social space of East Siberia. Our case study, an Evenki village located fairly close to the BAM, is (in)famous today for its supposed refusal to get connected via a bridge to the nearby railroad town. Some actors portray this disconnection as a sign of backwardness, while others celebrate it as the main reason for native language retention and cultural preservation. Focusing on discourses linking the notions of remoteness and cultural revitalisation, the article argues for conceptualising the story of the missing bridge not as the result of political resistance but rather as an articulation of indigeneity, which foregrounds cultural rights over more contentious political claims. Thus, the article explores constellations of remoteness and indigeneity, posing the question whether there might be a moral right to remoteness to be claimed by those who view spatial distance as a potential resource.

L’Union soviétique et ses États successeurs ont été de fervents partisans d’un paradigme de modernisation visant à « surmonter l’éloignement » et à « amener la civilisation » à la périphérie et à son peuple indigène « arriéré ». Le chemin de fer Magistrale Baïkal–Amour (la BAM), construit en tant que projet prestigieux très médiatisé du socialisme tardif, en est un bon exemple. La BAM a impacté les communautés autochtones et reconfiguré l’espace géographique et social de la Sibérie orientale. Notre étude de cas se focalise sur un village d’Evenki situé assez près de la BAM, célèbre aujourd’hui pour son refus supposé de se connecter par un pont à la ville ferroviaire à proximité. Certains acteurs considèrent cette déconnexion comme un signe de retard, tandis que d’autres la célèbrent comme la raison principale de la préservation de la langue maternelle et de la culture. Se focalisant sur des discours reliant les notions d’éloignement/isolement et de revitalisation culturelle, l’article plaide en faveur d’une conceptualisation du récit du pont manquant, non comme le résultat de résistance politique, mais plutôt comme une articulation de l’indigénéité mettant en avant des droits culturels plutôt que des revendications politiques plus controversées. L’article examine ainsi des constellations d’éloignement et d’indigénéité soulevant la question d’un droit moral à l’isolement qui serait revendiqué par ceux qui conçoivent la distance spatiale comme ressource potentielle.

Keywords: Siberia; bridge; culture; indigeneity; remoteness.