Effets dramatiques des mesures de santé publique liées à la COVID-19 et de la migration inverse de masse sur la santé sexuelle et reproductive des jeunes des régions rurales de l’Ouganda

Paediatr Child Health. 2022 Sep 8;27(Suppl 2):S123-S129. doi: 10.1093/pch/pxab114. eCollection 2022 Sep.
[Article in French]

Abstract

Introduction: Les jeunes (de 10-24 ans) comptent pour presque le tiers de la population ougandaise et il est fréquemment difficile pour eux de se prévaloir de services de santé sexuelle et reproductive (SSR), l’incidence d’issues négatives en matière de SSR est en effet disproportionnellement élevée. En réponse à la COVID-19, l’Ouganda a mis en place de strictes mesures de santé publique, y compris la fermeture générale des transports collectifs, des écoles et des entreprises, ce qui a poussé les jeunes qui étudiaient et travaillaient en milieu urbain à retourner dans leur village rural. Notre étude visait à décrire qualitativement l’impact non intentionnel perçu des mesures de santé liées à la COVID-19 sur la SSR des jeunes dans deux districts ruraux.

Méthodes: Des groupes de consultation semi-structurée et entrevues avec intervenants clés auprès de jeunes, de parents, de leaders communautaires, de travailleurs, coordonnateurs et superviseurs de santé communautaire (TSC), de professionnels de la santé, de gestionnaires de la santé des districts et des établissements de santé et de médecins-hygiénistes expressément sélectionnés ont eu lieu afin d’examiner l’impact vécu et perçu qu’ont eues les mesures liées à la COVID-19 sur la SSR des jeunes. Les entrevues ont été enregistrées, transcrites et codées à l’aide d’une analyse thématique déductive.

Résultats: Quatre thèmes liés à la COVID-19 et trois sous-thèmes sont ressortis des 15 groupes de consultation et deux entrevues avec intervenants clés (n = 94). La fermeture des transports collectifs et le port obligatoire du masque ont empêché les jeunes d’obtenir des soins de SSR. La fermeture des écoles et des lieux de travail et la migration subséquente des jeunes des milieux urbains vers leur village rural ont fait exploser la demande auprès des établissements ruraux de santé mal préparés, ce qui a entravé davantage la quête de soins. Les jeunes ont rapporté craindre que leurs parents découvrent leur quête de soins de SSR, ce qui les a empêchés de le faire. Le confinement a causé des difficultés financières, l’isolement et l’entassement des familles; le mauvais traitement des jeunes, la violence sexiste et les mariages forcés ont suivi, et certains jeunes ont rapporté avoir accepté ces mariages comme un moyen d’échapper à la violence. L’inactivité et la multiplication des contacts sociaux étaient perçues comme favorisant l’activité sexuelle précoce. L’impact rapporté sur la SSR était des infections plus graves et des complications causées par le retard des soins, et une flambée des infections transmises sexuellement et des avortements.

Conclusion: Les mesures de santé publique liées à la COVID-19 ont fait reculer la quête de soins par les jeunes tout en augmentant les comportements risqués et les issues négatives de SSR. Il est essentiel d’investir dans la programmation en SSR auprès des jeunes afin d’inverser les effets non intentionnels de la pandémie et de reprendre notre élan vers les cibles de SSR chez les jeunes. La gestion future des pandémies doit tenir compte des disparités sociales et sanitaires et réduire les risques non intentionnels sur la SSR des jeunes présentés par les mesures de santé publique.