Prise en charge des troubles de consommation d’opioïdes en première ligne: Abstinence, méthadone ou buprénorphine-naloxone?

Can Fam Physician. 2017 Mar;63(3):e153-e159.
[Article in French]

Abstract

Objectif: Conseiller les médecins quant aux options thérapeutiques à recommander à des populations précises de patients : approche axée sur l’abstinence, traitement d’entretien par la buprénorphine-naloxone ou traitement d’entretien par la méthadone. SOURCES D’INFORMATION: Une recherche sur PubMed a été effectuée, et on a relevé dans les publications les données sur l’efficacité, l’innocuité et le profil d’effets indésirables de l’approche axée sur l’abstinence, du traitement par la buprénorphine-naloxone et du traitement par la méthadone. Les études d’observation et interventionnelles ont été incluses.

Message principal: La méthadone et la buprénorphine-naloxone sont substantiellement plus efficaces que l’approche axée sur l’abstinence. La méthadone présente un taux de rétention plus élevé que la buprénorphine-naloxone, alors que la buprénorphine-naloxone présente un risque plus faible de surdose. Les médecins devraient recommander le traitement par la méthadone ou la buprénorphine-naloxone plutôt que l’approche axée sur l’abstinence, et ce, à tous les groupes de patients (données de niveau I). La méthadone est préférable à la buprénorphine-naloxone chez les patients qui présentent un risque élevé d’abandon, comme les usagers d’opioïdes par injection (données de niveau I). Les jeunes et les femmes enceintes qui font usage d’opioïdes par injection devraient aussi recevoir la méthadone d’abord (données de niveau III). Si la buprénorphine-naloxone est prescrite en premier, il faut faire passer rapidement le patient à la méthadone si les symptômes de sevrage, les fortes envies ou la consommation d’opioïdes persistent malgré une dose optimale de buprénorphine-naloxone (données de niveau II). La buprénorphine-naloxone est recommandée chez les usagers d’opioïdes sur ordonnance par voie orale socialement stables, surtout s’ils ont un emploi ou si leurs obligations familiales les empêchent de se rendre à la pharmacie tous les jours, s’ils ont une affection médicale ou psychiatrique exigeant des soins réguliers de première ligne (données de niveau IV), ou encore si leur emploi exige une fonction cognitive ou un rendement psychomoteur élevés (données de niveau III). La buprénorphine-naloxone est aussi recommandée chez les patients qui présentent un risque élevé de toxicité à la méthadone, tels que les personnes âgées, les personnes qui prennent de fortes doses de benzodiazépines ou d’autres sédatifs, les gros buveurs, les personnes dont la tolérance aux opioïdes est faible et les personnes à risque de prolongement de l’intervalle QT (données de niveau III).

Conclusion: Il faut tenir compte des caractéristiques et des préférences individuelles des patients lors de la sélection d’un traitement de première intention par un agoniste des opioïdes. Chez les patients qui présentent un risque élevé d’abandon (adolescents et patients socialement instables), la rétention en traitement doit avoir préséance sur les autres considérations cliniques. Chez les patients qui présentent un risque élevé de toxicité (comme les usagers abusifs d’alcool ou de benzodiazépines), la sécurité a sans doute préséance. Ce qu’il importe le plus de considérer toutefois, c’est que le traitement par un agoniste des opioïdes est beaucoup plus efficace que l’approche axée sur l’abstinence.

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